Un impératif pour nos écoles de commerce : exister à l’international
Accusées de creuser les inégalités sociales ou de trop formater les élèves, les classes préparatoires ou « prépas » sont régulièrement sur la sellette. Historiquement, elles se sont positionnées comme la voie d’accès par excellence aux écoles les plus prestigieuses, qu’il s’agisse de viser ensuite la haute fonction publique ou de grandes entreprises. L’égalité devant le concours est la pierre angulaire de ce système qui ne vise pas l’excellence mais la sélectivité afin de former des élites dirigeantes.
Pourtant ce système, hérité des 19e et 20e siècles (les premières classes préparatoires datent même du 18e), prend aujourd’hui l’eau de toute part. A peine 40 % des élèves des grandes écoles proviennent de prépas. Pour exister à l’international nos grandes écoles doivent proposer des programmes attrayants pour les étudiants étrangers. Or, le système des prépas ne veut rien dire pour un Américain ou un Indien. Alors que faire dans un contexte où, pour exister, les grandes écoles doivent impérativement s’internationaliser ? La solution trouvée est de proposer à ces étudiants étrangers d’intégrer un Master of Science directement après un Bachelor. HEC, ESSEC, ESCP, l’EM Lyon regorgent d’étudiants internationaux recrutés après un diplôme de ce type.
Autre rupture forte en passe de s’imposer en France : les programmes bachelor français. En effet, dans la plupart des pays du monde le bac +5 n’est pas un impératif. Aux Etats-Unis par exemple on fait plutôt un bachelor puis, après une expérience professionnelle, un MBA. Rares sont les grandes universités à proposer des masters pré-expérience. Harvard Business School ou encore Stanford ne proposent pas, par exemple, ce type de programme. Or, les grandes écoles françaises sont à la traîne en matière de MBA, hormis l’INSEAD, et ne proposaient pas, pour la plupart, de formation à bac+3 ou 4. Ces dernières années la vapeur s’inverse, car la plupart des grandes écoles de commerce, sauf HEC, ont anticipé ce phénomène d’internationalisation et ont créé des bachelors. Il est désormais possible de faire l’ESSEC, l’ESCP, l’EM Lyon, l’EDHEC, Néoma, etc., en bachelor. Les puristes objecteront que ce sont des formations de seconde zone. Pourtant, vus de Londres ou de Los Angeles, les diplômés de ces bachelors apparaissent comme des alumni de ces institutions et non comme des diplômés de second rang. Ces programmes sont prisés des étudiants étrangers d’excellent niveau. Il semblerait également que progressivement des étudiants français brillants, souhaitant éviter un bachotage scolaire intense de la prépa, se tournent vers ces formations d’excellence.
Pourtant ce système, hérité des 19e et 20e siècles (les premières classes préparatoires datent même du 18e), prend aujourd’hui l’eau de toute part. A peine 40 % des élèves des grandes écoles proviennent de prépas. Pour exister à l’international nos grandes écoles doivent proposer des programmes attrayants pour les étudiants étrangers. Or, le système des prépas ne veut rien dire pour un Américain ou un Indien. Alors que faire dans un contexte où, pour exister, les grandes écoles doivent impérativement s’internationaliser ? La solution trouvée est de proposer à ces étudiants étrangers d’intégrer un Master of Science directement après un Bachelor. HEC, ESSEC, ESCP, l’EM Lyon regorgent d’étudiants internationaux recrutés après un diplôme de ce type.
Autre rupture forte en passe de s’imposer en France : les programmes bachelor français. En effet, dans la plupart des pays du monde le bac +5 n’est pas un impératif. Aux Etats-Unis par exemple on fait plutôt un bachelor puis, après une expérience professionnelle, un MBA. Rares sont les grandes universités à proposer des masters pré-expérience. Harvard Business School ou encore Stanford ne proposent pas, par exemple, ce type de programme. Or, les grandes écoles françaises sont à la traîne en matière de MBA, hormis l’INSEAD, et ne proposaient pas, pour la plupart, de formation à bac+3 ou 4. Ces dernières années la vapeur s’inverse, car la plupart des grandes écoles de commerce, sauf HEC, ont anticipé ce phénomène d’internationalisation et ont créé des bachelors. Il est désormais possible de faire l’ESSEC, l’ESCP, l’EM Lyon, l’EDHEC, Néoma, etc., en bachelor. Les puristes objecteront que ce sont des formations de seconde zone. Pourtant, vus de Londres ou de Los Angeles, les diplômés de ces bachelors apparaissent comme des alumni de ces institutions et non comme des diplômés de second rang. Ces programmes sont prisés des étudiants étrangers d’excellent niveau. Il semblerait également que progressivement des étudiants français brillants, souhaitant éviter un bachotage scolaire intense de la prépa, se tournent vers ces formations d’excellence.
La rupture de l’international
Les statistiques de certains lycées parisiens montrent que de plus en plus d’étudiants de terminale se tournent vers les grandes universités internationales. Il faut dire que cela présente de nombreux avantages : des diplômes aussi prestigieux qu’HEC ou l’ESSEC, une véritable expérience internationale permettant de maîtriser des langues, le fait de se confronter à d’autres cultures et, de quoi forger le caractère de diplômés beaucoup plus matures, selon les employeurs. Il faut reconnaître que nombre d’étudiants de nos plus grandes écoles sortent diplômés en mettant en avant l’international alors qu’au final ils ont suivi un cursus très convenu. A titre d’exemple, l’élève venant d’un lycée parisien qui, après deux années sur les bancs de la fameuse prépa Sainte Geneviève à Versailles, intègre la non moins célèbre école d’HEC à Jouy-en–Josas, passera donc quatre années et demies de scolarité intensive sur une zone couvrant à peine 20 kilomètres carrés des Yvelines. En effet, HEC propose à peine un semestre de scolarité internationale sur les trois ans de présence à l’école ; une anomalie.
Des écoles prestigieuses
Contrairement à ce que pensent nombre de directeurs de prépa, la voie d’excellence ne passe plus nécessairement par la case concours et par les grandes écoles françaises. Dans un contexte où de plus en plus de diplômés travaillent à l'international, il faut changer de grille de lecture : est-ce que des recruteurs londonien, de Sao Paolo ou encore de Singapour considéreront un diplômé de l’ESSEC comme supérieur à celui d’un bachelor du MIT ou de IE Business School ? Evidemment non. Il sera même probablement dubitatif en lisant la ligne « classe préparatoire » du CV, s’interrogeant sur sa signification et son utilité. Prenons le classement du Financial Times qui fait autorité, en Europe. Sur les 10 premières « business school » seules deux sont françaises, dont une ne propose que des MBA :
1 London Business School (UK)
2 HEC (France)
3 Insead (France)
4 IE Business School (Espagne)
5 St Gall (Suisse)
6 ESADE (Espagne)
7 Bocconi (Italie)
8 IESE (Espagne)
9 IMD (Suisse)
10 RSM (Hollande)
Pourtant la plupart de ces écoles très élitistes n’évoquent rien à la plupart des français qui continuent de s’enfermer dans une vision hexagonale. Qui a entendu parler en France, par exemple, de IE Business School? Nous restons centrés sur nos "parisiennes". Pourtant IE Business School a été classée plusieurs années consécutives 1ere école européenne devant HEC en 2012 et 2e ex æquo avec cette même grande école en 2013. Cette prestigieuse institution jouit d’une réputation d’excellence dans une grande partie du monde, en Amérique du sud notamment ou encore en Asie. Or cette grande université Madrilène propose évidemment des bachelors avec une sélection très exigeante, comparable en terme de sélectivité à celle de HEC. Qu’aurait donc à envier un diplômé d’IE Business School à un diplômé de l’ESSEC ou à un diplômé de HEC ? Rien, si l’on se base sur ces classements objectifs et sur des recruteurs internationaux. C’est pourquoi de plus en plus d’excellents étudiants français font le choix d’intégrer ces cursus de bachelor dans les meilleures universités étrangères plutôt que de continuer à suivre une scolarité contraignante et purement théorique en classe préparatoire : Bocconi à Milan recrute de nombreux français tout comme RSM à Rotterdam ou ESADE à Barcelone. Après 3 ou 4 ans ces diplômés sont certainement beaucoup plus matures et adaptables que ceux qui ont suivi un cursus classique Grande Ecole. C’est d’ailleurs pour certains d’entre eux le moment de poursuivre un master dans une grande école française en intégrant en 2e année ou de continuer à l’étranger dans d’autres écoles élitistes comme la LBS ou des universités américaines.
Alors que vont devenir les prépas et les grandes écoles ? Si les prépas conservent une certaine attractivité, c’est essentiellement parce qu’elles constituent encore une référence centrale pour nombre de recruteurs hexagonaux passés par ce système. Mais il est à craindre qu’en l’espace d’une génération, ce capital de notoriété ne disparaisse progressivement : lorsque la génération actuelle, formée pour partir à l’étranger dans des cursus totalement différents ou qui auront travaillé à l’international, arrivera aux responsabilités, il n’est pas dit que les prépas auront encore la cote. Etre en poste à New York, à Tokyo ou à Shanghai permet de relativiser ce complexe de supériorité et l’arrogance de notre système éducatif.
1 London Business School (UK)
2 HEC (France)
3 Insead (France)
4 IE Business School (Espagne)
5 St Gall (Suisse)
6 ESADE (Espagne)
7 Bocconi (Italie)
8 IESE (Espagne)
9 IMD (Suisse)
10 RSM (Hollande)
Pourtant la plupart de ces écoles très élitistes n’évoquent rien à la plupart des français qui continuent de s’enfermer dans une vision hexagonale. Qui a entendu parler en France, par exemple, de IE Business School? Nous restons centrés sur nos "parisiennes". Pourtant IE Business School a été classée plusieurs années consécutives 1ere école européenne devant HEC en 2012 et 2e ex æquo avec cette même grande école en 2013. Cette prestigieuse institution jouit d’une réputation d’excellence dans une grande partie du monde, en Amérique du sud notamment ou encore en Asie. Or cette grande université Madrilène propose évidemment des bachelors avec une sélection très exigeante, comparable en terme de sélectivité à celle de HEC. Qu’aurait donc à envier un diplômé d’IE Business School à un diplômé de l’ESSEC ou à un diplômé de HEC ? Rien, si l’on se base sur ces classements objectifs et sur des recruteurs internationaux. C’est pourquoi de plus en plus d’excellents étudiants français font le choix d’intégrer ces cursus de bachelor dans les meilleures universités étrangères plutôt que de continuer à suivre une scolarité contraignante et purement théorique en classe préparatoire : Bocconi à Milan recrute de nombreux français tout comme RSM à Rotterdam ou ESADE à Barcelone. Après 3 ou 4 ans ces diplômés sont certainement beaucoup plus matures et adaptables que ceux qui ont suivi un cursus classique Grande Ecole. C’est d’ailleurs pour certains d’entre eux le moment de poursuivre un master dans une grande école française en intégrant en 2e année ou de continuer à l’étranger dans d’autres écoles élitistes comme la LBS ou des universités américaines.
Alors que vont devenir les prépas et les grandes écoles ? Si les prépas conservent une certaine attractivité, c’est essentiellement parce qu’elles constituent encore une référence centrale pour nombre de recruteurs hexagonaux passés par ce système. Mais il est à craindre qu’en l’espace d’une génération, ce capital de notoriété ne disparaisse progressivement : lorsque la génération actuelle, formée pour partir à l’étranger dans des cursus totalement différents ou qui auront travaillé à l’international, arrivera aux responsabilités, il n’est pas dit que les prépas auront encore la cote. Etre en poste à New York, à Tokyo ou à Shanghai permet de relativiser ce complexe de supériorité et l’arrogance de notre système éducatif.