Journal de l'économie

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Jour 8 – Veille et information en temps de crise : une nécessité pour aujourd’hui et pour demain





Le 1 Avril 2020, par Valentin Fontan-Moret

Jour après jour, tirer les leçons de la crise et mobiliser des ressources pour la dépasser. Tel est l’objet de ce Bréviaire de crise aujourd’hui tourné vers l’après-crise et la nécessité de ré-inventer notre rapport à l’information pour détecter les opportunités.


Jour 8 – Veille et information en temps de crise : une nécessité pour aujourd’hui et pour demain
La surveillance de l’environnement à des fins de prévention des risques comme de détection des opportunités est plus que jamais indispensable aux acteurs économiques. Face au ralentissement, voire à l’arrêt de certaines activités courantes à cause d’un confinement qui devrait plusieurs semaines encore, une profonde réflexion stratégique apparaît même parfois comme la seule véritable activité productive encore possible. C’est tant mieux : après maintenant plus de 15 jours d’assignation, le besoin de se projeter vers l’après-crise se fait de plus en plus pressant. Or c’est probablement dans le chaos du temps présent que naissent les opportunités de demain.
 
Surveiller et prévenir
 
La surabondance d’informations qu’implique la crise sanitaire, exacerbée par notre exposition quasi-permanente aux médias audiovisuels et en ligne du fait du confinement, contribue à faire de chacun de nous un veilleur malgré lui. L’incertitude et l’impréparation qui caractérisent la situation nous obligent à rechercher et digérer en un temps inhabituel une quantité d’informations complexes. C’est notamment le cas des ordonnances gouvernementales qui, prises dans l’état d’urgence sanitaire, modifient de nombreux paramètres de la vie économique du pays.
 
Cette exigence fait courir un risque non négligeable : celui d’occulter les autres dangers et menaces qui, en dépit de la situation sanitaire, n’ont pas cessé d’exister. Le sur-incident est la pire des choses qui puisse survenir en temps de crise. Or il est bien souvent causé par une focalisation des décideurs sur un problème au détriment de tous les autres. Par exemple, négliger les risques psychosociaux chez les travailleurs en cette période de confinement pour ne gérer que la livraison des commandes et les tensions de trésorerie expose assurément à des ennuis supplémentaires. Il faut donc, aussi, viser une certaine continuité dans l’activité de gestion des risques malgré la dégradation de la situation.
 
Plusieurs institutions ont mis en place des cellules d’assistance aux entreprises. C’est notamment le cas des cellules d’appui déployées par les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), qui recensent les livrables et délivrent par téléphone les informations utiles sur le recours aux dispositifs d’aide financière mis en place par l’État et autres conséquences de la crise sanitaire sur les activités économiques. 
 
L’agitation a du bon
 
Le confinement a des externalités positives qu’il faut savoir exploiter. On observe en effet un certain regain de la production informationnelle : profitant d’une audience plus importante que d’habitude, ceux qui s’expriment sur les réseaux sociaux ou dans la presse se font eux aussi plus nombreux et plus loquaces. Quelques interventions se démarquent par leur ton ou leur contenu [1] quand ce n’est pas l’émergence d’un nouveau nom et d’une nouvelle tête qui marque les esprits [2]. Parfois-même le contenu s’« ouvre », notamment par l’intermédiaire des éditeurs ou des plateformes de formation en ligne qui offrent certaines de leurs productions en téléchargement.
 
L’émergence d’innovations propres à ce temps de crise, qu’il s’agisse de produits et procédés comme ceux dont nous parlions dans une précédente édition[ 3], ou d’idées, de visions du monde et de concepts, sont assurément les prémices du monde d’après. Savoir les identifier, les analyser et les valoriser pour survivre à la crise sanitaire et affronter la crise économique qui a déjà commencé apparaît comme une nécessité que le confinement nous offre le temps d’appréhender.
 
Explorer : mode d’emploi ?
 
Si le travail d’information et de réflexion stratégique est indispensable en temps de crise, il est aussi plus difficile que jamais. Une fois de plus, la surabondance des signaux, leurs contradictions et les déstabilisations volontaires distillées par certains acteurs concurrents ou malveillants sont parfois de nature à décourager celui qui cherche à éclairer ses décisions par une information claire et sûre. L’avenir appartient pourtant à ceux qui surmonteront cet inconfort intellectuel.
 
Il existe des moyens simples et rudimentaires de s’ouvrir à ces nouvelles tendances en explorant des espaces informationnels inconnus. On peut par exemple mobiliser un peu de temps libre pour explorer un média social que l’on ne fréquentait pas : quasiment tout le monde connaît Facebook, mais qui fréquente Twitter, Discord, ou suit les chaînes WhatsApp ? Connaissons-nous les « influenceurs » et les youtubeurs qui comptent parmi les principales sources d’informations des plus jeunes générations ? Ces médias ont chacun leurs spécificités et permettent de découvrir un même phénomène sous des angles totalement nouveaux, sous l’influence de ceux qui s’y expriment. De la même manière, on peut profiter de l’occasion offerte par un évènement mondial pour lire la presse étrangère et s’apercevoir, là encore, que les représentations et les perspectives varient parfois drastiquement d’un pays à l’autre.
 
Evidemment, cela est insuffisant à rationaliser l’information et à la structurer de façon à fournir un éclairage méthodique et dépourvu des biais qui nuisent à la prise de décision. Pour cela, rien ne remplace la rigueur méthodologique et une certaine expérience. Mais il peut aussi être utile de s’appuyer sur la technologie pour aider à structurer et visualiser l’information « ramassée » auprès des nombreuses sources disponibles.
 
C’est ce que les solutions de veille « augmentée », souvent dopées à l’intelligence artificielle, proposent désormais. En apprenant à reconnaître certains « motifs », en classant et organisant les données, en les représentant sous une forme aisément compréhensible, des logiciels comme ceux développés par Cikisi ou d’autres sociétés fournissent une aide à l’analyse non négligeable. Elles permettent en effet à l’utilisateur de dissiper le brouillard généré par une masse parfois considérable d’informations (big data), difficiles à organiser et à digérer avant d’en produire une analyse fine et complète. En temps de crise et alors qu’une reconfiguration profonde de nos conceptions et de nos visions s’avèrent indispensables pour entrer dans l’après-crise, ces solutions d’exploration de l’information constituent un atout considérable, et l’intelligence économique apparaît comme une méthode et un état d’esprit plus utiles que jamais.
 
 
 
[1] « La mondialisation est finie » (Arnaud Montebourg) ; « Le coronavirus prépare-t-il la revanche des campagnes ? » (Olivier Babeau)… Les formules et les projections « choc » se multiplient, découvrant des clés de lecture du phénomène de mutation et de reconfiguration que la crise implique.
[2] Comment ne pas penser au Pr Raoult, dont nous avons déjà beaucoup parlé, et qui s’est imposé avec fulgurance comme un visage incontournable dans le paysage médiatique où se joue cette crise sanitaire.



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