Journal de l'économie

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De la voiture géo-conduite à la voiture autonome





Le 26 Avril 2023, par Philippe Cahen

Tout le monde en convient : la voiture actuelle ou thermique est un non-sens écologique. Tous les signaux faibles convergent vers la voiture géo-conduite. Mais chut, les constructeurs n’en veulent pas. Ils nous plongent dans le chaos de la prospective.


S’ennuyer en voiture

Ce qui surprend aux États-Unis comme au Canada, sur les routes et autoroutes c’est le respect des limitations de vitesse. Au Canada, sur les autoroutes c’est 100 km/h. Autant dire que l’on s’ennuie ferme. Personne ne se faufile. Bref, le ruban continu de voitures (et camions) est un long fleuve tranquille. Les mains sur le volant, rarement au téléphone, les yeux fixés sur l’asphalte, que faire pendant des centaines de kilomètres… où finalement tout le monde roule à la même vitesse, ce qui est agréable, sûr et supérieur à un rythme saccadé.

Imaginez votre voiture à 100 km/h sur 500 km ? À quoi servez-vous ? À rien. Et 100 km/h sur une autoroute déserte à 23 heures… Au Japon, la vitesse indiquée sur les panneaux de limitation est adaptée aux flux. C’est quand même stupide de ne pas aller plus vite surtout si un automobiliste vous double ! Bref, la voiture étymologiquement automobile, auto conduite, n’est pas le futur.

En France et dans bien des pays, de nombreuses villes sont limitées à 30 km/h (sauf quelques axes). Quant aux axes urbains, ils sont limités à 50, 70, 90, 110 km/h selon les tronçons, à changement logique pour la Direction de l’équipement, aléatoire pour les conducteurs. L’œil sur le cadran de vitesse, nous peinons à respecter les indications surtout si un conducteur se glisse devant nous et provoque un coup de frein qui ralentit l’ensemble du flux et fait baisser la vitesse du flux.

Or depuis une vingtaine d’années, nos voitures sont de plus en plus équipées d’automatismes avec des radars sur tous les côtés et même dans les rétroviseurs, des cartes numériques, Waze et consorts depuis 2010, des voitures qui se garent seules, correction de trajectoire, aide à la décision, voire peuvent devenir autonomes sur certains axes à 4 voies sans dépasser 60 km/h ou même informer sur la disponibilité de place de stationnement. À vrai dire les puces se multiplient dans et autour des voitures dans l’environnement d’information routière ou portées à peu près par chaque individu qu’il soit à pied ou avec un mode de transport individuel.

La voiture géo-conduite

L’œil sur notre indicateur de route et les mains sur le volant, il ne reste plus qu’à laisser la voiture nous conduire. C’est la voiture géo-conduite.

En fait, ce n’est pas la voiture qui nous conduit, mais le système de roulage de la ville, le quartier ou l’axe routier où nous sommes. Ce système est géré par Google, RATP, SNCF ou Starlink de SpaceX ou même le système Tesla. Il peut être aussi bien local, que régional, voire mondial. C’est un pari énorme qui verra naitre des géants mondiaux de la mobilité. Les aiguilleurs du ciel deviennent aiguilleurs du sol avec le système économique qui accompagne. « Dis, X, j’ai faim et je veux bien manger en moins d’une heure, parking compris »…

Le système ne nous conduit pas, mais prend la main sur l’ensemble du trafic. Ce qui est un confort de conduite et de tranquillité. Et notre voiture – notre véhicule utilitaire, notre deux roues - est pris dans le mouvement. À tout moment, manuellement ou par la voix, le conducteur peut corriger la conduite du véhicule. La contrainte est évidemment le suivi par le système et les « points » perdus lorsque l’on ne respecte pas le système.

Le système géo-conduit contrôle les véhicules qui restent la propriété individuelle. L’avantage de ce système sur la voiture autonome est justement que le véhicule n’est pas autonome, autonome niveau 5, c’est-à-dire capable de se déplacer seul, vide, sans personne au volant.

La voiture géo-conduite est écologique

L’autre avantage du système géo-conduit est écologique. Il est adaptable à tout type de véhicule électrique ou thermique aujourd’hui et sa conduite souple le rend économe en énergie et en pneu grâce à une conduite souple. Il est économe en temps, c’est ce que nous apprécions sur Waze et consorts.

Le transport géo-conduit est toujours un transport à propriété individuelle alors que le transport autonome est un système de transport dont l’utilisateur est client. Le véhicule autonome est la partie d’un tout. Son avantage sera de diminuer drastiquement sans doute au cinquième les véhicules en déplacement puisqu’il pourra conduire plusieurs personnes et s’arrêter à la demande. Il serait impensable qu’une voiture autonome puisse rouler vide pour retourner par exemple au garage de son potentiel propriétaire. La voiture tomberait à moins d’un passager en moyenne par déplacement : juste impensable !

Le transport autonome est néanmoins l’étape vers lequel va aller le transport géo-conduit. En attendant, la géo-conduite est la solution pour une conduite plus sûre et plus régulée.

Je repars en plongée…
 
Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste

Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles », éd. Kawa

 


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