Journal de l'économie

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5 futurs de 2040 sont attendus d’ici 2030





Le 14 Juin 2021, par Philippe Cahen

La période Covid-19 aura accéléré le saut du numérique comme le télétravail et la télémédecine, l’affirmation des démocratures et des extrémismes, le décrochage de l’Union européenne vis-à-vis des États-Unis et de la Chine, l’éclatement des sociétés avec des pauvres plus pauvres et des riches plus riches, et l’économie circulaire notamment en France ! Mais des futurs attendus pour les années 2050, voire 2040 prendront forme d’ici la fin des années 20. En voici 5.


Image Pixabay
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  1. La décroissance face à l’économiance

Incontestablement, les bouleversements climatiques s’accélèrent et marquent les années 20. L’Homme qui veut tout dominer et tout organiser est dépassé par la machine infernale du dérèglement environnemental entre les zones où les références de températures sont à +2°/+3°, voire +6° au nord du 60e parallèle nord. Dès lors, le débat est caricaturalement partagé entre les partisans de la décroissance favorables à la baisse d’activité de l’Homme, et ceux de l’économiance favorables à un équilibre et l’Homme et de la Terre.

Les partisans de la décroissance sont convaincus que l’Homme ne doit plus produire de carbone notamment par ses déplacements, ses constructions et son alimentation (voir plus loin). De nombreuses villes vont accélérer la limitation des déplacements motorisés individuels, voire les interdire. Le principe est « sauver la Terre pour sauver l’Homme ». La considération sociale est secondaire.

L’économiance a pour principe de « sauver l’Homme et les hommes pour sauver la Terre ». En d’autres termes, l’Homme est en évolution permanente, en recherche de ce qu’il considère comme une amélioration de sa vie individuelle et sociale, une entropie anthropique ! Le terme « économiance » se réfère à l’équilibre technologique et social au travers d’un système économique conciliant l’Homme et la Terre. Dans cette décennie, il s’agira de baisser la production de carbone en conciliant un nouvel équilibre social.

Les débats plutôt violents entre partisans de la décroissance et partisans de l’économiance couvrent la décennie 20 entre les États et à l’intérieur des États.
 
  1. Le saut 5G et 2 nanomètres

Le coup d’envoi de l’étude de la 6G a été donné symboliquement le 1er janvier 2021 pour mise en place en 2030. Ce qui implique que rien ne s’oppose à sa mise en service plus tôt. Par ailleurs, la pénurie actuelle de semi-conducteurs notamment fabriqués par le Taïwanais TSMC sous la menace politique de la Chine conduit à multiplier les usines de productions de semi-conducteurs aux États-Unis comme en Europe pour gagner en autonomie, ce qui va stimuler la concurrence sur le marché.

Or justement, en mai 2021, IBM a présenté une première mondiale : la puce fine de 2 nanomètres contre la référence mondiale de 7 nm et le passage délicat aux 5 nm. IBM affirme par ailleurs que sa nouvelle puce – dont l’industrialisation est proche - prolongera la durée de vie des batteries des mobiles, réduira l’empreinte carbone des datacenters, diminuera le temps de latence des voitures autonomes, et augmentera la puissance des ordinateurs. Autant dire qu’il s’agit de plus de puissance et de rapidité avec moins de matière (donc de matières premières critiques) et de carbone.

En ajoutant le développement en cours de l’informatique quantique, les attentes de la 5G seront réalisées bien plus tôt que prévu, dès 2022/23. La puissance informatique facteur un million va brutalement accélérer l’intelligence artificielle, la recherche, les transports, la santé, la communication, les usines… soit le passage à un Nouveau Monde.
 
  1. L’agriculture et l’alimentation raisonnables

Bien que l’agriculture soit l’une des industries lourdes les plus modernes, les confrontations violentes avec les écologistes, les antispécistes, les survivalistes, etc. conduisent à la disparition de paysans par suicides ou arrêt d’exploitations, tout au moins en France. Une agriculture écologiste, antispéciste et survivaliste manquera de terre, d’eau et de bras pour nourrir 67 millions de Français. L’effet pervers de ces confrontations sera de favoriser une industrie agricole robotisée.

Quant à l’alimentation sur ces bases, la multiplication des compléments alimentaires et la recherche de protéines de substitution comme les insectes (avant de s’interroger sur le bien-être animal des insectes) témoignent du besoin de trouver son équilibre qu’une alimentation variée, traditionnelle et sans excès aurait produit.

Après les excès d’une agriculture productiviste, les excès d’une alimentation vérifiée par son téléphone mobile faisant abstraction de l’importation du bout du monde de produits certes écologiques ou équitables, mais chargés en carbone, la France va se tourner vers une production et une alimentation essentiellement locales qui fera vivre ses paysans et que ses habitants pourront acheter, en quelque sorte raisonnable pour chaque partie.
 
  1. Un monde de vieux

On savait que vers 2045/2050 le monde atteindrait son maximum de 10 milliards d’habitants. Car le monde vieillit depuis plusieurs décennies. La crise de la Covid-19 accélère ce vieillissement.

D’une part par elle-même en diminuant brutalement les naissances dans de nombreux pays et comme les naissances sont de nos jours très calculées, le report de conception pour des femmes se rapprochant de la quarantaine après un premier ou deuxième enfant, signifie souvent un abandon du projet de grossesse.

D’autre part, cette crise a mis à jour un monde qui peut être considéré comme dangereux pour la santé, difficile pour l’emploi, pessimiste pour l’environnement. Alors que de nombreux parents potentiels doutaient de leur envie de mettre au monde un enfant, ces longues périodes de confinements multiples ont plus mis en avant la délicatesse d’élever des enfants plutôt que le bonheur qu’ils leur apportent.

Il faudra observer de près la natalité ces prochaines années. Sauf grâce à un sursaut d’optimisme par l’accélération des productions et de l’employabilité – ce qui est toujours possible – l’égoïsme l’emportera pour des foyers sans ou avec moins d’enfants, peu importe les politiques nationales. Pour de nombreux pays de l’OCDE, hors les États-Unis, si l’on ne veut pas voir son économie et donc le niveau de vie de ses habitants décroitre, l’âge de la retraite va continuer à être repoussé au-delà de 70 ans.
 
  1. La remontada de l’Europe

Avec le temps de la Covid-19, l’Europe décroche sur ses concurrents. L’Asie de l’Est a finalement été peu touchée par la pandémie. Les États-Unis connaissent un dynamisme certain depuis le début 2021. L’Europe a été trop hésitante face à la vaccination, et connait depuis le début 2020 une succession de confinements qui ont ralenti son économie. Mais surtout, elle a perdu des parts de marché et le PIB par habitant diminue de manière significative. Et elle est quasi absente des licornes mondiales dominées par les États-Unis et la Chine.

En clair : l’Union européenne a pris une grande claque pendant cette crise.

La remontada est en marche pour deux raisons principales.
La première est que malgré toutes ces turbulences (Brexit, menaces de l’Italie début 2020 de rapprochement avec la Chine et la Russie, démocratures de Hongrie et Pologne), l’UE est toujours là. Elle représente un système politique affirmé face notamment à la Chine et aux États-Unis et un modèle moral et éthique. Les pays d’Amérique centrale et du sud, et entre Chine et Inde s’en inspirent pour résister au monde bipolaire qui s’annonce.
La seconde est que l’Europe réagit – en principe – devant ses lourdeurs et son manque d’action par la création de l’Europe de la santé (équivalent au Barda américain), une volonté écologiste, plus de protection des entreprises européennes et de la concurrence, un programme d’investissements en recherche, des choix stratégiques plus européens comme sur l’informatique quantique, etc.

Il est encore tôt pour mesurer les effets de toutes ces décisions. L’UE part avec des talents, une science réputée notamment en Allemagne (BioNTech) et une épargne importante. L’ambition, la nécessité de prendre des engagements et des risques sont là. La remontada se fera avant la fin de la décennie.
 
Ces cinq futurs attendus dans un temps supérieur à la décennie vont se réaliser plus vite qu’estimé. Ces cinq futurs ont globalement un point commun : les écarts entre pays ou groupes de pays diminuent, quand bien même la crise environnementale est comprise mondialement, le repli sur soi encourage des cinq futurs.
 
Je repars en plongée…

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste
Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles  », éd. Kawa
 


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