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Après Montebourg, Benoit Hamon irrite à son tour les patrons français





Le 16 Décembre 2013, par La rédaction

Après l’échange par tweets interposés entre Xavier Niel, patron de Free, et Arnaud Montebourg, Ministre de redressement productif, c’est au tour de Benoit Hamon, Ministre de la Consommation, de s’attirer les foudres des patrons. Didier Papaz, Président de la chaine coopérative Optic 2000, par voie de communiqué de presse, a été le premier à dénoncer le danger que font peser sur la qualité des soins les propositions d’amendements au futur projet de loi sur la consommation.


Crédit photo: CC / Wikipedia
Crédit photo: CC / Wikipedia
A défaut d’être un expert d’un sujet, au moins faut-il être bien renseigné avant de s’exprimer. C’est peut-être la leçon que retiendront les deux Ministres évoqués. Entrés de manière très précoce en politique, ils sont sans aucun doute tous deux des experts des institutions publiques. Mais leurs déclarations récentes viennent jeter le trouble sur leur expertise économique. Difficile de croire pourtant que le gouvernement manque d’experts en communication médiatique.

Arnaud Montebourg, désormais célèbre pour des déclarations parfois hâtives sur ses capacités à influer sur l’économie de marché, a mis sa crédibilité en jeu lors de son accrochage avec un célèbre patron français. Mettant en cause Free pour de supposés destructions d’emplois, le patron de l’opérateur téléphonique n’a pas manqué de renvoyer à cette occasion le Ministre à son propre bilan, pour ne pas dire dans les cordes. Le silence gouvernemental sur cet épisode laisse supposer des explications en coulisses.

Quelques jours à peine après cet épisode, un autre Ministre s’aventure sur le terrain glissant de la conjecture économique. Défendant son projet de « loi Conso » devant être voté à l’Assemblée nationale le 16 décembre 2013, Benoit Hamon suggère d’y incorporer des mesures pour développer le marché de la vente de lunettes en ligne. Selon lui, l’économie potentielle serait de l’ordre du milliard d’euros pour le consommateur, sur un chiffre d’affaires global du secteur de six milliards. Les professionnels du secteur ne contestent pas ce chiffre dont on ne connait pas l’origine, mais la plupart s’interroge sur les motivations du Ministre suite à une telle proposition.

Première à réagir, la chaine coopérative d’opticiens Optic 2000, par la voix de son Président Didier Papaz, n’a pas tardé à pointer du doigt les effets pervers d’une telle mesure : si de telles économies étaient possibles pour le consommateur, elles se feraient non seulement au détriment de la qualité de ce qui reste un produit de santé, mais aussi en contrepartie de la disparition de plusieurs milliers d’emplois dans la filière. « Sur un secteur qui emploie environ 100.000 personnes et qui pèse 6 milliards d’euros, de telles mesures provoqueront à court terme une baisse de 16 % du marché et mécaniquement la perte d’au moins 16.000 emplois » explique Didier Papaz. Malgré toute l’énergie qu’il sait déployer, il n’est pas sûr qu’Arnaud Montebourg apprécie d’hériter de la charge d’un nouveau dossier de ce genre.

Rebondissant sur les dernières polémiques ayant agité le secteur de l’optique, notamment sur le coût des lunettes, le Président de la coopérative insiste sur l’aspect « produit de santé » des lunettes : « Si le choix de monture correspond souvent à un achat plaisir, les verres sont avant tout des produits de santé correspondant à des prescriptions médicales ». La vente sur Internet parait de fait incompatible avec l’ensemble des services qui supposent l’expertise d’un opticien, de l’accompagnement du patient (contrôle de l’acuité visuelle lors d ‘un renouvellement, prise de mesures…) au service après-vente (ajustage, suivi du patient…), en passant par la fabrication (contrôle des verres, montage, vérification…). La question reste la suivante : peut-on envisager des économies qui porteront un coup très rude à la qualité de notre système de soins, tout en générant des destructions d’emplois supplémentaires ? A l’évidence, le gouvernement s’en passerait bien, même au détriment du pouvoir d’achat des Français. Montebourg montera-t-il au créneau ? Affaire à suivre…




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