Journal de l'économie

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Le cinéma français est resté dans le monde d’avant





Le 7 Février 2023, par Philippe Cahen

La part de marché du cinéma français baisse à 40,5 % en 2022, la plus faible depuis au moins 10 ans comme si la Covid l’avait épuisé. Il n’y a pas un film français parmi les 10 plus vu en France comme si la plupart des films français valaient à peine une soirée sur canapé, car une soirée familiale cinéma à quatre c’est entre 50 et 100€, popcorn compris (parking en centre-ville non compris).


Image Pexels
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2022, le pire été du cinéma

L’été 2022 a été le pire depuis une vingtaine d’années. Sur juillet-aout, à part « Ducobu Président » après les 4 blockbusters américains dominés par « Les Minions 2 : il était une fois Gru », la fréquentation des salles françaises était bien vide. [Allez voir « la Nuit du 12 »]. Ce résultat témoigne, dans une époque de disponibilité de sortie, d’un manque d’originalité du cinéma français. Tout se passe comme si l’originalité, la performance d’auteur, faisait peur. Chacun a l’impression que les films français se verront dans quelques mois sur le canapé du salon.

2022 fut sauvé par « Avatar » [6,8 millions d’entrées] et « Top Gun : Maverick » [6,6 millions] avec une fréquentation de 152 millions d’entrées au niveau de 2009, 26,9 % sous 2019. La part du cinéma français est sauvée par le faible nombre de films américains.

Pour autant, peut-on dire que le film est un produit dépassé ?

De fait, les gagnants du cinéma sont Netflix et Disney+. Le dernier cité est le premier en abonnements, soit 235 millions d’abonnés à novembre 2022, contre 231 millions pour Netflix avec moins de nouveaux abonnés [sur l’année 9 millions contre 57 millions]. En revanche, Disney+ affiche 4 milliards de dollars de pertes contre un résultat opérationnel de 6,4 milliards pour Netflix. Netflix considère être passé en phase de maturité, car lancé depuis10 ans, de construction de l’offre. Disney+ doit effectivement combler son retard en matière de plateforme, créée fin 2019. Le Français Salto disparait de l’offre tandis que Paramount+, Amazon prime, Apple TV, Warner, … se renforcent. Ce marché de 105,7 milliards de dollars s’impose comme le nouveau cinéma : le canapé. Le cinéma est loin d’être mort.

L’imagination de l’image a-t-elle quitté la France ?

Surtout pas ! Le cinéma d’animation français, ou plutôt les studios de cinéma d’animation français sont parmi les plus renommés au monde dont sont d’ailleurs sortis Les Minions. « Pattie et la Colère de Poséidon » du studio français TAT a fait fin janvier une sortie remarquée.

Un détour par le jeu vidéo confirme l’excellence de la création française. Le leader français Ubisoft est un studio envié dans le monde entier dont le chinois Tencent est actionnaire. Dans ce marché, n’oublions pas qu’en janvier 2022, Microsoft a acheté Activision Blizzard pour 70 milliards de dollars.

Cinéma, studio d’animation, jeu vidéo : un gouffre de différence

Voilà trois domaines finalement proches dont les développements sont contrastés. Cinéma d’animation et jeu vidéo sont des marchés de pure concurrence : le marché adhère ou pas aux créations, il achète ou pas. En tous les cas, pour les Français, le marché adhère !
Le cinéma est d’un autre domaine. Son exception française le rend dépendant du CNC, centre national du cinéma, qui capte les finances sur le marché global et finance sur le marché français.

L’esprit industriel et économique est absent de cette dépendance du ministère de la Culture qui se mêle même de la rémunération des acteurs depuis 2014. Ses résultats sont estimés en montant de soutiens à un nombre de projets, pas en termes de fréquentation. Ainsi la loi « protège » le cinéma français et de fait l’enferme dans un schéma classique. Les palmes de Cannes sont moins vues que les lions de Berlin ou de Venise.

Ainsi, le dernier « Astérix et Obélix » a été raillé par les critiques jusqu’à sa sortie [début janvier] où il s’est confirmé comme une réussite, tout au moins des premiers jours, il y a 4 jours.
 
Le cinéma français est resté enfermé dans le monde d’avant. En son temps, il y a trente ans, les exégètes du cinéma avaient blâmé la création des multiplexes comme aujourd’hui ils continuent de condamner les plateformes. Le monde change, que diable !!! Ses thuriféraires en sont ses croque-morts.
Il faut libérer le cinéma français et le rendre à son public.
 
Je repars en plongée …
 

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste

Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles », éd. Kawa


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