Journal de l'économie

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Le troublant reflet de l’Histoire





Le 16 Avril 2021, par Nicolas Lerègle

L’Histoire parfois donne le sentiment de vouloir se répéter et pour autant on refuse souvent de regarder les choses en face ou du moins d’apprécier les faits à leur juste valeur et risques.


Le troublant reflet de l’Histoire
Qu’on en juge :
  • Des camps de concentration et d’épuration ethnique qui ne sont pas baptisés camps de travail, comme il y a 80 ans, mais centres de formation. Leur sous-jacent est une claire théorie raciale de supériorité des Han sur les autres ethnies justifiant la mise au ban de la nation d’autres communautés. L’archipel du goulag en somme.
     
  • Une reprise en main de Hong Kong qui a consisté, en violation d’accords internationaux signés au moment de la rétrocession de ce territoire, en l’abolition de tous les droits de l’Homme et des libertés publiques alors qu’ils étaient garantis jusqu’en 2047. En somme la Chine est un pays qui respecte sa parole avec la même bonne foi qu’ont pu être respectés les accords de Munich en 1938.
     
  • Un discours fort peu diplomatique des représentants chinois à l’égard de ceux qui, à l’étranger, osent exprimer des critiques ou remarques à l’égard d’une politique fondée sur des principes de rapports de forces. Cela n’est pas sans rappeler les harangues fleuries de dignitaires nazis ou staliniens tant il est vrai que ces régimes ont su adopter les mêmes codes. Nous n’étions plus habitués à des gesticulations et éructations d’ambassadeur en poste à l’égard de chercheurs ou journalistes du pays où ils sont en poste justement.
     
  • Des stratégies d’intimidation à l’égard de ses voisins fondées sur la gesticulation militaire. Les violations de l’espace aérien de Taiwan sont légion, les incursions maritimes ou intimidations sont de plus en plus fréquentes. Verrons-nous bientôt le retour des politiques de la « canonnière ». Ou plutôt celle de l’intimidation et de l’exhibition de la force à outrance cherchant à susciter une réaction de crainte et donc de soumission plus de la part des alliés des pays ciblés que de ces derniers qui n’ont rien à y gagner.
     
  • Des velléités de réappropriation de territoires ou d’espaces qui ne sont pas sans rappeler les discours passés martelant la nécessité de disposer « d’espace vital » et d’anschluss de territoires distincts en vue de les rattacher à la mère patrie. Une mappemonde permet de constater que la Chine, comme la Russie ou l’Inde d’ailleurs, est vaste et pourtant le besoin de territoires supplémentaires est exprimé. Avec une densité de 145 habitants au km2, la Chine est loin des 400 habitants/km2 de l’Inde !
     
  • Des pratiques scientifiques douteuses comme cela a été illustré par la pandémie où le traitement infligé à la mission de l’OMS en vue de déterminer les causes de la pandémie Sras-Covid-19 a surtout témoigné d’une volonté de cacher et dissimuler des réalités qui auraient pu se révéler gênantes. Les chercheurs dissidents qui se risqueraient à tenir des propos en dehors de la ligne du Parti sont effacés comme ceux qui ne partageaient pas les vues de Lyssenko.
     
  • Une politique nationale de réarmement qui fait que tous les 4 ans la Chine construit l’équivalent de la flotte militaire française actuelle (propos du CEMA Lecointre) et que d’ici à 2050 elle devrait être la 1re armée du monde. Si cela ne rappelle rien ou du moins n’interpelle pas. Si Paris-Pékin est de la téléréalité, Paris est à quelques minutes de missiles de Pékin !
     
  • Des intimidations de journalistes étrangers qui préfèrent, pour certains s’éloigner de ce pays, de même de ressortissants de certains pays qui peuvent légitimement s’interroger sur le risque qu’ils encourent d’être pris en otage. Dans les années 30 des représentants de la société Vickers à Moscou étaient devenus une monnaie d’échange pour obtenir le silence des médias occidentaux sur l’Holodomor en Ukraine.
     
  • Une relation avec le monde économique qui là non plus n’est pas sans remémorer le passé. Une claire volonté de favoriser le développement des entreprises et de faciliter la conquête d’un marché intérieur puis de marchés extérieurs. Et, quand ces mêmes entreprises semblent oublier la réalité du pouvoir, un violent rappel à l’ordre comme cela fut le cas pour Alibaba (et son président) qui laisse deviner la constitution d’un triptyque politique/économique/militaire au service d’une ambition gouvernementale de puissance mondiale.
     
  • Un souci des apparences qui doit faire paraitre ce régime comme normal, et ce le plus longtemps possible, le temps d’atteindre les objectifs affichés ou secrets qu’il s’est fixé. Hitler était un gentleman pour M. Chamberlain de même que Xi doit l’être pour M. Raffarin !
 
On admettra que les points de concordance sont trop nombreux pour laisser indifférent.
Ils sont tellement nombreux que l’on en vient à penser que c’est l’ADN de tout régime totalitaire que d’épouser les mêmes codes et objectifs et de faire peser sur leur environnement une menace dont il est difficile de se départir. Il faut accepter de le dire et de le redire pour analyser sous cet angle toutes les actualités géopolitiques dont on peut être informé.
Le raidissement de la diplomatie américaine vis-à-vis de la Chine n’est plus, comme sous l’ère Trump, uniquement dictée par des contingences économiques, mais bien aussi par la prise en compte de réalités militaires et stratégiques.

On peut toujours opposer qu’aucun pays n’a intérêt à « pousser le bouchon trop loin » car il aurait trop à perdre et que la Chine a plus à gagner dans un monde en paix qu’à déclencher une guerre. Mais la ligne de partage entre une attitude d’apaisement sans renier ses principes et valeurs et une posture reniant ces derniers est pour le moins ténue. Et, pour le moment, la Chine sait naviguer entre ces deux eaux comme ses navires essayant de transformer en mer intérieure les aires maritimes de ses voisins.

Combien de temps ce statu quo va perdurer ? Car il y a aussi d’autres règles propres aux régimes totalitaires. La certitude que démocratie rime avec faiblesse et que la force doit primer. Une absence de considération d’une opinion (publique) discordante, ce qui donne une grande latitude pour agir. La croyance que le régime est immuable, pour ne pas dire millénaire comme certains ont souhaité l’être dans un passé pas si lointain, et donc que le temps est un allié. La volonté du dirigeant, d’assurer la survie pour cette durée de son régime, mais que cet objectif coïncide, dans sa réalisation, avec son mandat sur terre. Or Xi a 67 ans autant dire qu’il va avoir envie de se dépêcher !
 


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