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« Accueillir c’est protéger ! » par Frédéric Giqueaux





Le 9 Avril 2019, par La rédaction

Frédéric Giqueaux, ancien auditeur de l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice, expert en business intelligence et en sécurité événementielle est le cofondateur du groupe GICCO. L’entreprise implantée en Afrique depuis près de 20 ans emploie plus de 1000 collaborateurs permanents sur le continent.
Ses principaux métiers sont l’ingénierie et l’accompagnement sécurité des entreprises en Afrique, l’anticipation et la gestion des menaces et enfin, la conduite de missions événementielles à fort enjeu, en environnement sensible ou de prestige.


Frédéric Giqueaux, vous avez une expertise avérée de la sécurité et notamment des évènements internationaux de masse et sportifs. Le contexte a beaucoup évolué ces dix dernières années. Pouvez-vous nous livrer votre analyse du risque pour les rassemblements sportifs ?

Aujourd’hui, tout événement, qu’il soit corporate, institutionnel, culturel ou sportif a d’abord un enjeu sécuritaire global puisqu’aujourd’hui plus qu’hier accueillir c’est d’abord protéger. Il n’est pas pensable de réunir participants et public par dizaine voire centaine de milliers sans mettre en œuvre un concept global de sûreté-sécurité, pour anticiper, contrer et gérer toutes sortes de menaces. Du mouvement de foule aux risques actuels du terrorisme, les menaces ont sans cesse évolué. En outre les mouvements terroristes ont bien compris l’intérêt de l’impact médiatique d’un attentat dans un lieu de rassemblement comme une salle de concert, un stade, un marathon. Oui, le risque reste aujourd’hui plus que présent et rassembler du public nécessite une approche spécifique, discrète et professionnelle.

Vous avez assuré avec vos équipes la sécurité de plusieurs milliers d’événements (Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, CAN Football, CHAN Football, Coupes du Monde des clubs…), et votre implantation sur le continent africain n’est pas nouvelle, pourquoi ce choix de développement, loin de vos bases ?

Notre base est l’Afrique, nous sommes d’abord un groupe panafricain et nous avons comme priorité absolue de nous y développer. L’Afrique est le continent par excellence du sport et il nous faut l’accompagner pour atteindre les standards les plus exigeants en maîtrise du risque tout en intégrant les spécificités du continent. Nous avons une démarche de construction du concept de sécurité et de coordination opérationnelle axée sur un partenariat et une proximité forte avec l’ensemble des acteurs formant la chaîne sécuritaire. Nous nous obligeons également à former nos partenaires et à laisser un héritage fort et durable.

L’interface entre les autorités politiques et les différents acteurs de la sécurité locale ne vous expose-t-elle pas à des situations d’une grande complexité ? Êtes-vous confronté à des réglementations très différentes d’un pays à l’autre ?

En matière de sécurité événementielle, le partenariat public-privé est la base de toute action. Sans l’assentiment complet des autorités, nous ne pouvons rien. Chaque pays africain a bien compris les enjeux en matière de protection des populations lors de manifestations publiques ou privées et nous nous inscrivons comme un maillon de la chaîne opérationnelle, toujours avec efficacité, mais aussi loyauté et discrétion vis-à-vis des autorités et des organisations sportives.

Le sport porte des valeurs fortes et il est très médiatisé. Avez-vous une approche spécifique pour intégrer les populations locales ?

Je vous le rappelle, notre groupe est panafricain. Nous ne sommes pas un groupe européen en transit le temps d’un événement. Nous vivons et travaillons en Afrique pour l’Afrique et de ce fait nous avons un concept opérationnel très spécifique. Nos ressources humaines, le staff, et l’encadrement en général, sont issus de nos différentes filiales au Maroc, Sénégal, Gabon, Cameroun…Nous avons une « proximité efficace » si je puis dire. Notre démarche sociétale repose sur la formation des jeunes aux métiers de la sécurité. Nous soutenons également par ce biais des clubs sportifs locaux, multisports, et ce, avec la volonté de détecter et faire grandir les jeunes talents africains.

Quels sont les facteurs clés pour réussir une mission de sécurisation dans le domaine événementiel ? Avez-vous une hantise en particulier au moment d’accueillir le public en masse ?

Les facteurs clés de succès sont dans l’anticipation et la préparation. Il faut prévoir au maximum tout ce qui est imaginable. La formation, la coordination de l’équipe de sécurité, la capacité à réagir vite et bien sont aussi indispensables. La hantise c’est évidemment le mouvement de foule incontrôlable. Il faut être un véritable « capteur » du risque, garder en toute occasion son sang-froid pour réagir dans un minimum de temps. Nous sommes toujours très enthousiastes de l’évènement lui-même... Et soulagés quand il se termine. Chaque événement est unique, nous ne sommes jamais dans une routine mais au contraire en permanence aux aguets.

Quel est votre regard sur l’évolution de l’événementiel sportif et de votre métier dans les années qui viennent ? Les technologies ont-elles un rôle croissant à jouer ?

L’événement sportif prend une place de plus en plus importante dans la stratégie de séduction des États. Aucun pays ne peut se passer de l’événementiel et d’attirer les feux des projecteurs. L’utilisation des technologies est précieuse et ira en se renforçant. Paradoxalement, l’idée est de rendre moins visible la sécurité pour laisser plus de place à la joie de la fête. L’utilisation des drones, les accès intelligents qui permettent d’éviter les fouilles par la détection automatique des objets et substances interdites, la reconnaissance faciale, sont autant de moyens de fluidifier et de sécuriser les déplacements sans importuner le spectateur. L’Afrique, de ce point de vue, a l’objectif d’être à la pointe des normes internationales et de l’innovation.

Sur un plan économique constatez-vous des tendances particulières en termes de regroupement d’entreprises ? Faut-il s’attendre à voir émerger de grands acteurs sur le continent ? Est-ce ainsi que vous souhaitez vous positionner ?

Oui, absolument, ce processus, nous l’avons déjà engagé. Le groupe GICCO vient de créer ARMEN une Joint-Venture avec le groupe FAE fondé et dirigé par mon ami Heiko Dethier. Grace à l’expertise plus que reconnue de FAE sur les nouvelles menaces asymétriques et leur process unique « d’imaginer l’inimaginable » nous adaptons en permanence nos concepts opérationnels. Nous avons également signé un accord stratégique au Maroc avec l’un des acteurs majeurs en sureté événementielle. Nous venons par ailleurs de nous renforcer très fortement au Sénégal.
Nous avons donc bien l’ambition d’être à court terme un acteur de référence sur le continent tout entier. 



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