Renault « enfin » en Chine
Depuis 2010, le marché automobile chinois est officiellement le premier marché automobile du monde. Il va sans dire que pour un industriel du type Renault, en difficulté sur son marché historique européen, ce nouvel horizon représente un éventuel salut. Cette joint-venture créé avec Dongfeng contredit d’ailleurs la stratégie de l’Alliance Renault-Nissan, qui accordait tacitement le marché chinois au constructeur japonais. Cependant, face au caractère extrêmement dynamique du marché chinois, la marque française a souhaité ne plus se limiter à de simples exportations. L’accord avec Dongfeng tardait, par ailleurs, à être officialisé : des années se sont écoulées entre le règlement de l’accord entre les groupes français et chinois et l’autorisation donnée par la Commission Nationale du Développement et de la Réforme chargée de planifier ce type d’évènement. Cet accord devrait en outre se traduire par un co-investissement qui devrait atteindre la somme totale de 7,75 milliards de yuans, soit environ un milliard d’euros. Désormais, de manière factuelle, Renault possède un pied en Chine. Mais n’est-ce pas là, finalement, le plus facile ?
Une perspective réellement réjouissante?
Car le marché automobile chinois, tout premier marché mondial qu’il est, commence à être considéré par certains comme déjà saturé. Plus de 60 constructeurs issus de tous les horizons se partagent environ 15 millions de ventes aux particuliers par an depuis 2011. Renault va donc devoir batailler ferme : multiplier les partenariats, mais également dénicher de nouveaux fournisseurs et distributeurs, qui sont les conditions d’une bonne implantation sur le marché n’ira pas de soi. A court et moyen terme donc, le grand gagnant de cette opération semble être le constructeur chinois. La bourse de Honk Kong ne s’y est d’ailleurs pas trompée, puisque, consécutivement à l’annonce de la création de cette coentreprise, le titre Dongfeng a bondi de 10%. Le potentiel apport technologique de Renault semble être une valeur ajoutée considérable pour Dongfeng, du moins aux yeux des investisseurs. Mais hormis cet épiphénomène, la percée de Renault dans sur ce marché extrêmement concurrentiel et de plus en plus encadrés par des limitations (d’immatriculations notamment, étant donné les risques élevés de pollution dans les agglomérations) semble promise à de nombreux défis.