Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer ce qui fonde votre légitimité en tant qu'auteur de "Gilets Jaunes, Vers une démocratie réelle ?"
Juriste de formation, je suis âgé de 28 ans et originaire de Chalon-sur-Saône en Bourgogne. Actuellement collaborateur législatif au Sénat, je rédige un doctorat sur le droit électoral et donne des cours de droit à l’université de Bourgogne. J’ai plusieurs années été cadre national du parti Debout la France, mais j’ai arrêté tout engagement politique en juin 2018. De plus, je suis officier de la réserve opérationnelle de la Gendarmerie nationale. Mon parcours varié me permet d’avoir un regard différent et objectif sur cette crise. Je cherche à analyser objectivement, avec une méthode quasi universitaire, les enjeux politiques et les conséquences institutionnelles de ce mouvement social.
Qu'est-ce que votre ouvrage a de plus que les nombreux titres qui commencent à apparaître en librairie ?
C’est le seul ouvrage sur la question qui mêle à la fois expérience sur le terrain, descriptif historique des actes fondateurs des Gilets Jaunes, et expertise technique de leurs revendications. Je démontre la dépossession du pouvoir et le déclassement social que subissent les Français. Ensuite, j’essaie de présenter des solutions aux problèmes institutionnels et de pouvoir d’achat. L’objectif de cet essai est finalement de donner les clefs de compréhension et de poser les bonnes questions.
Comment qualifieriez-vous ce mouvement social : mouvement, crise institutionnelle, révolte, révolution... ?
Les Gilets Jaunes sont une identification sociale ; celle d’un peuple qui veut retrouver le pouvoir pour l’exercer dans l’intérêt général. Il est difficile d’identifier qui sont réellement les participants au mouvement. Qui revêt un gilet jaune ou bien le dépose sur son tableau de bord ? Pourquoi ? Que veulent-ils exprimer. Une colère certes, mais surtout ils doivent être compris par le politique comme un thermomètre de la situation générale. Or on ne soignera pas le malade France avec de l’aspirine. Le diagnostic est plus grave qu’une simple fièvre !
Quels sont pour vous les aspects méritant une réforme et sur lesquels, intuitivement, les gilets jaunes ont mis le doigt ?
En réalité, les Gilets Jaunes ont mis le doigt sur une réalité que nos élus nationaux ne veulent pas voir : leur absence réelle de pouvoir. C’est ce que j’explique dans la deuxième partie de l’essai. L’État français n’exerce plus la puissance publique. Elle a été confiée à des autorités internationales, telles que l’Union européenne, et à des intérêts privés qui n’agissent pas dans l’intérêt des Français. Cette dépossession est grave sur plan démocratique, car la démocratie est justement la gestion de la cité… et donc l’exercice du pouvoir. Une fois ce pouvoir récupérer, quand on fait la synthèse des revendications, on comprend qu’ils veulent démocratiser nos institutions pour que ce dernier soit réellement employé pour satisfaire les besoins des citoyens.
Quel est votre avis sur les suites du "mouvement" ?
Difficile à savoir, car je ne suis pas madame Soleil ! Mais dans la mesure où il s’agit d’une identification sociale et l’expression d’une colère profonde, les Gilets Jaunes peuvent changer de forme, de nom, de « leaders » ou d’actions. La fracture sociale existe depuis bientôt quarante ans sur les plans économiques, sociaux et culturels. Toute récupération politicienne n’y changera rien. Toute tentative de pression pour l’essouffler n’y changera rien. La seule solution est un réveil de nos élites pour l’écouter, et surtout lui répondre. Comment ? Tout est dit dans mon essai !