Les annonces du chef de l’État laissent planer une certain nombre de doutes et d’incertitudes. Tel qu’il a été annoncé, le déconfinement laisse craindre un certain retour au « jour d’avant ». En laissant le virus circuler à nouveau en dépit des « gestes barrières », notamment via les enfants qui sont supposés en être les principaux vecteurs, la formation de « clusters » infectieux, la peur des autres possiblement contaminés et la crainte de payer de sa vie l’acquisition d’une « immunité collective » risque fort de générer une tension sociale particulièrement intense. Nous avons appris depuis le 14 mars à vivre en position de sécurité. Une situation inconfortable à bien des égards, mais qui minimise le risque principal et donc l’incertitude.
Le risque d’une désynchronisation brutale
En n’offrant pas de solution collective et fiable à l’éradication du virus dans le pays (test général et traitement), le gouvernement, contraint par les moyens qu’il a en sa possession, risque donc de mettre chacun en concurrence avec les autres. Ceux qui le peuvent préfèreront peut-être conserver les habitudes de confinement, jugées plus sécurisantes. D’autres relâcheront les efforts, préférant oublier cette mauvaise période et profiter d’un printemps déjà gâché. Surtout, les travailleurs s’inquiètent pour leur sécurité et les syndicats commencent à rugir. Le bouillonnement social n’a pas cessé en même temps que l’activité économique, et les erreurs de gestion du gouvernement comme les communications récentes du MEDEF en ont été les moteurs.
Le risque que l’on voit poindre est celui de la désynchronisation. Tous impliqués à notre manière dans la gestion de cette crise, nous ne pouvons y parvenir que si nous agissons dans une même direction. Une certaine unité est requise et c’était le sens du civisme qui nous était demandé avec insistance au début du confinement. Or le déconfinement qui se profile laisse craindre le retour en force d’une infinité de conceptions et de visions contradictoires qui risques de s’entrechoquer. Les plus insouciants heurteront assurément la sensibilité de ceux qui restent prudents. Les forçats de la reprise heurteront celle des magnats de la sécurité. Et par-dessus tout cela, planera toujours la menace d’un nouveau cas qui en laisse craindre d’autres, et donc de la mise à l’arrêt subite d’un service, d’un département, d’une entreprise… Et pourquoi pas la montée d’une « seconde vague » qui signifierait, comme c’est déjà le cas dans certaines régions d’Asie, le re-confinement de tout ou partie de la population.
Agir sans attendre
C’est donc une prime à l’initiative et à l’anticipation qui attend les entreprises. Inutile d’espérer des directives et des indications trop claires ou d’attendre de « voir venir » les difficultés et les conflits qui pourraient surgir. Ceux qui traverseront cette période le plus sereinement sont ceux qui auront, de leur propre initiative, pris les mesures qui s’imposent y compris sur le plan sanitaire. Si le marché reste libre et qu’il n’est pas prévu de mesures de rationnement et de contrôle de la distribution des équipements (masques, gels…), il est possible que cette bataille pour restaurer des conditions de travail saines suscite une très intense concurrence entre les acteurs privés. Comme un deuxième épisode de la « guerre des masques ».
Le climat se prêtera aussi à des déstabilisations informationnelles : quoi de mieux qu’une ambiance sociale délétère pour accuser tel concurrent de faire travailler ses employés dans des conditions sanitaires dangereuses, tel autre de s’être doté de masques par des moyens frauduleux au détriment d’autres entreprises ? Et pourquoi pas faire courir la rumeur d’un cas « dissimulé » dans l’entreprise pour faire appliquer le principe de précaution et mettre son concurrent à l’arrêt ou faire exploser un conflit social ?
Bref, pour de nombreuses entreprises, la crise ne fait que commencer. Il reste environ un mois pour se préparer, anticiper les turbulences et accrocher les ceintures. C’est aux carences ou aux libertés laissées par l’Etat que l’entreprise va devoir répondre : la cohésion des effectifs sera un élément fondamental, faute d’un effort social global et cohérent. Comprendre les craintes et les aspirations de ses employés pour éviter que la reprise ne les place en situation d’inconfort ou de défiance est primordial. Anticiper les conditions de travail de demain est une autre priorité : pérenniser le distanciel, notamment pour les plus fragiles, envisager des mutations dans l’organisation de l’espace et du temps d’activité font partie des points de vigilance. Enfin, prévoir le déchaînement de « violence économique » qui pourrait se manifester en cette période à travers une utilisation offensive de l’information et de la désinformation et s’engager dans la bataille de la prospective, plus que jamais nécessaire, constitue un autre pilier sur lequel les acteurs économiques peuvent s’appuyer.
Le risque d’une désynchronisation brutale
En n’offrant pas de solution collective et fiable à l’éradication du virus dans le pays (test général et traitement), le gouvernement, contraint par les moyens qu’il a en sa possession, risque donc de mettre chacun en concurrence avec les autres. Ceux qui le peuvent préfèreront peut-être conserver les habitudes de confinement, jugées plus sécurisantes. D’autres relâcheront les efforts, préférant oublier cette mauvaise période et profiter d’un printemps déjà gâché. Surtout, les travailleurs s’inquiètent pour leur sécurité et les syndicats commencent à rugir. Le bouillonnement social n’a pas cessé en même temps que l’activité économique, et les erreurs de gestion du gouvernement comme les communications récentes du MEDEF en ont été les moteurs.
Le risque que l’on voit poindre est celui de la désynchronisation. Tous impliqués à notre manière dans la gestion de cette crise, nous ne pouvons y parvenir que si nous agissons dans une même direction. Une certaine unité est requise et c’était le sens du civisme qui nous était demandé avec insistance au début du confinement. Or le déconfinement qui se profile laisse craindre le retour en force d’une infinité de conceptions et de visions contradictoires qui risques de s’entrechoquer. Les plus insouciants heurteront assurément la sensibilité de ceux qui restent prudents. Les forçats de la reprise heurteront celle des magnats de la sécurité. Et par-dessus tout cela, planera toujours la menace d’un nouveau cas qui en laisse craindre d’autres, et donc de la mise à l’arrêt subite d’un service, d’un département, d’une entreprise… Et pourquoi pas la montée d’une « seconde vague » qui signifierait, comme c’est déjà le cas dans certaines régions d’Asie, le re-confinement de tout ou partie de la population.
Agir sans attendre
C’est donc une prime à l’initiative et à l’anticipation qui attend les entreprises. Inutile d’espérer des directives et des indications trop claires ou d’attendre de « voir venir » les difficultés et les conflits qui pourraient surgir. Ceux qui traverseront cette période le plus sereinement sont ceux qui auront, de leur propre initiative, pris les mesures qui s’imposent y compris sur le plan sanitaire. Si le marché reste libre et qu’il n’est pas prévu de mesures de rationnement et de contrôle de la distribution des équipements (masques, gels…), il est possible que cette bataille pour restaurer des conditions de travail saines suscite une très intense concurrence entre les acteurs privés. Comme un deuxième épisode de la « guerre des masques ».
Le climat se prêtera aussi à des déstabilisations informationnelles : quoi de mieux qu’une ambiance sociale délétère pour accuser tel concurrent de faire travailler ses employés dans des conditions sanitaires dangereuses, tel autre de s’être doté de masques par des moyens frauduleux au détriment d’autres entreprises ? Et pourquoi pas faire courir la rumeur d’un cas « dissimulé » dans l’entreprise pour faire appliquer le principe de précaution et mettre son concurrent à l’arrêt ou faire exploser un conflit social ?
Bref, pour de nombreuses entreprises, la crise ne fait que commencer. Il reste environ un mois pour se préparer, anticiper les turbulences et accrocher les ceintures. C’est aux carences ou aux libertés laissées par l’Etat que l’entreprise va devoir répondre : la cohésion des effectifs sera un élément fondamental, faute d’un effort social global et cohérent. Comprendre les craintes et les aspirations de ses employés pour éviter que la reprise ne les place en situation d’inconfort ou de défiance est primordial. Anticiper les conditions de travail de demain est une autre priorité : pérenniser le distanciel, notamment pour les plus fragiles, envisager des mutations dans l’organisation de l’espace et du temps d’activité font partie des points de vigilance. Enfin, prévoir le déchaînement de « violence économique » qui pourrait se manifester en cette période à travers une utilisation offensive de l’information et de la désinformation et s’engager dans la bataille de la prospective, plus que jamais nécessaire, constitue un autre pilier sur lequel les acteurs économiques peuvent s’appuyer.