Le salé ou le sel comme exhausteur exhaustif

Aristote distingue dans les saveurs le doux, l’amer, l’onctueux, le salé, l’aigre, l’âpre, l’astringent et l’acide. En 1751, Linné discerne 10 qualités gustatives, l'humide, le sec, l'acide, l'amer, le gras, l'astringent, le sucré, l'aigre, le muqueux et le salé. Aujourd’hui l’unami a remplacé le muqueux qui n’a pas grand-chose avec le goût de même que l’astringent. Qu’elles soient aimées ou non ces saveurs sont universelles et peuvent être associées de façon intéressante à des sons et bien entendu à des alliances entre un cigare et le verre l’accompagnant.

Il n’y a pas que les additions qui peuvent être salées. Le sel est depuis l’aube des temps une épice recherchée, mais surtout un composant indispensable de notre alimentation permettant tout simplement la bonne santé de notre organisme en maintenant notre équilibre hydrique. Le sel sert à conserver, il est aussi un exhausteur de goût rendant, quand il est ajouté avec justesse, le bon meilleur.

Le sel est indubitablement le condiment le plus proche de la langue définie par Ésope, il peut le pire comme le meilleur et sert à tout, de la salaison à la cuisson et donne à un caramel ordinaire sa pointe le sublimant et si vous avez la chance d’aller chez Alain Chartier à Vannes vous découvrirez que le sel et le chocolat savent s’allier pour le meilleur de votre gourmandise. En musique il n’est pas rare de découvrir des musiciens d’origines et de sensibilité différentes qui peuvent s’unir comme le sel et le sucre pour nous offrir un caramel auditif savoureux.

Thomas Enhco et Stephane Kerecki avec leur « modern songbook » arrivent parfaitement à cette harmonie de même que, toujours, Stephane Kerecki entouré de Marc Copland et Fabrice Moreau pour son disque « out of the silence ». Ces deux albums d’un jazz flirtant avec le classique apportent à une journée qui n’aurait pas franchement été la meilleure un peu de ce sel, celui qui donne de l’énergie et qui permet de se dire que demain sera un autre jour.

En somme une succession de notes et d’accords qui agissent comme une invitation à la détente en recherchant une alliance entre le cigare qui procurera une légère ivresse et un verre qui atténuera la pression de la journée. Alors pour cela je vous propose de partir en Côtes de Provence et de vous servir un verre de Blanc élaboré à partir du Rolle et de la Clairette du Domaine de la Navicelle par exemple.

Sa robe jaune aux reflets argentés, son nez frais et iodé sur des notes de fenouil, sa bouche ample, saline et charnue sauront vous envouter et vous procurer beaucoup de plaisir surtout si vous accompagnez ce moment de détente avec un cigare cubain tel un Partagas D4,  car j’aime ses notes à la fois mielleuses et amères.