Journal de l'économie

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Le silence





Le 7 Juin 2023, par Nicolas Lerègle

Sacha Guitry dans un de ses célèbres aphorismes écrivait que « le silence après du Mozart était encore du Mozart ». On ne peut que lui donner raison et se remémorer les émotions ressenties pendant et après l’écoute d’un requiem ou d’une messe du couronnement où la musique ne se contente pas de vous trotter dans la tête, mais vous a enveloppé et surtout transporté.


 Le silence est donc plein de vertu et si dans l’espace on ne vous entend pas crier il pourrait être bon parfois de se ménager un espace silencieux qui protège des cris et fracas d’un monde extérieur qui semble de moins en moins réjouissant. D’autres ont su rédiger des éloges du silence.

Ainsi de Marc de Smedt dans son ouvrage « l’éloge du silence » (1986) a très bien décrit ce silence « Le silence est la couleur des événements : il peut être léger, épais, gris, joyeux, vieux, aérien, triste, désespéré, heureux… Il se teinte de toutes les infinies nuances de nos vies. Sans cesse, si on l’écoute, il nous parle et nous renseigne sur l’état des lieux et des êtres, sur la texture et la qualité des situations rencontrées. Lieu de la conscience profonde, il fonde notre regard et notre écoute. Dans un monde de plus en plus bruyant, la valeur du silence est à redécouvrir ».

C’est bien beau cette description du silence, mais où le trouver ? Jonathan Ives le designer des produits Apple pendant trois décennies avait, lors d’une conférence Ted, expliqué que pour son travail créatif le silence était un atout et qu’il le trouvait la nuit, entre 3 et 5 heures du matin.

Il était donc légitime de s’interroger si, au milieu de la nuit, quand la ville dort, ce n’est pas le moment idéal pour rester dans ce silence et cette pénombre et savourer un cigare et un verre. Évidemment il ne s’agit pas d’allumer un module d’un geste compulsif traduisant un manque, mais bien au contraire de faire de ce moment un plaisir purement égoïste et assumé en tant que tel.

Autant le dire, l’expérience est réjouissante. Les soucis de la journée passée vous ont fait ouvrir les yeux à 3 heures du matin, le silence qui vous entoure ne vous replonge pas dans les bras de Morphée et bien, autant l’assumer et se lever.

D’abord la boisson, j’opte pour un chocolat chaud qui naturellement vous ramène quelques années en arrière au temps de l’insouciance de l’enfance. Celui de Borzeix-Besse est à mes yeux sans équivalent. Ayant glissé dans la boite une gousse de vanille qui a eu le temps de se diffuser, j’y ajoute une pointe de cannelle au moment de le servir et je le sucre au miel de thym (excellent pour la gorge).

Ensuite j’allume un Épicure n° 1 (Hoyo de Monterrey). Les amateurs connaissent tous la valeur de ce module qui se consume avec douceur et offre de la langueur dans sa dégustation. Savent-ils aussi que celui-ci se marie admirablement avec le chocolat. Leurs douceurs, mais aussi leurs profondeurs se répondent et seule la crainte d’être dérangé par un sonore « mais qu’est-ce que tu fabriques ? » pourrait rompre cette alchimie silencieuse du moment qui aura su transformer le plomb d’une insomnie en or épicurien.

 


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