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Guillaume Alvarez, vice-président senior de Steelcase : manager une entreprise mondialisée en France





Le 16 Janvier 2019, par la Rédaction

Manager multiculturel, Guillaume Alvarez est vice-président senior pour l’EMEA de Steelcase, groupe mondial dont l’activité est axée sur le mobilier de bureau et l’optimisation de l’espace de travail, sur la base d’une idée selon laquelle l’espace de travail, bien conçu, est une source de confiance et d’engagement pour l’entreprise. Il affirme que la France reste attractive pour une entreprise mondialisée, comme Steelcase.


Guillaume Alvarez, vous êtes vice-président senior EMEA (Europe, Middle East, Afrique) de Steelcase, groupe américain bien implanté en France. Pour vous Steelcase est-il une entreprise franco-américaine ou une entreprise mondialisée ?

Historiquement, Steelcase s'est développé en Europe en se mariant en 1974 avec l'entreprise alsacienne Strafor, grâce à une belle rencontre, en 1972, entre Mr Bob Pew du Michigan et l’alsacien Henri Lachmann. Steelcase est clairement devenu, depuis une entreprise mondialisée. Sur les neuf membres de notre comité de direction, cinq sont américains et les quatre autres ne le sont pas. Tous ceux qui en font partie ont étudié, travaillé et vécu à l’étranger pendant plusieurs années. Nos bureaux de Munich rassemblent vingt-sept nationalités. Des dirigeants d’entités importantes ne sont pas américains. J’en suis l’exemple.

Comment êtes-vous devenu un manager d’équipes multiculturelles ?

Je suis né en Asie d’une mère française et d’un père espagnol et j’ai étudié ou travaillé dans dix-huit pays différents. Au sein de Steelcase, beaucoup de dirigeants ont eu des parcours semblables.

Steelcase est présent à Cluj-Napoca (Roumanie), Dubaï, Munich, Londres, Madrid, Paris, Strasbourg, Zurich... Quelle est la place de chacun de ces établissements dans votre stratégie mondiale ?

La tendance générale, chez Steelcase, est d’éliminer l’effet « Headquarter » dans les comportements internes. Si l’on écarte les usines de fabrication, nous avons trois types de lieux en Europe : des « Global Business Centers », comme à Strasbourg ou Cluj ; un centre d’innovation et de développement (au sens du développement du talent de nos collaborateurs) à Munich, où se trouvent les équipes de direction ; des espaces « Worklife » à Paris, Londres ou Madrid, qui ne sont pas à proprement parler des showrooms, mais de vrais lieux de travail évolutifs qui permettent a nos visiteurs de faire l’expérience de réalités tangibles, visibles et inspirantes.

Il est dit de vous : « il se pose dans des lieux qui permettent d’être au contact des collaborateurs. » Où concrètement ?

Je fréquente pour travailler les endroits les plus populaires, ceux où les gens boivent du thé ou du café ou ceux qui offrent des outils de communication populaires. Le but est de faciliter toute forme de contact informel, d’échange ou de feedback avec tous mes collaborateurs, quels qu’ils soient. Ils savent où me trouver, si nécessaire, au risque même de m’interrompre dans une tâche. Cela m’aide énormément dans mon rôle de manager.

Les Millenials plébiscitent le coworking. Jusqu’où peut-on casser les cloisons ?

Nous sommes en phase avec le phénomène du coworking qui oblige à récréer des espaces de travail qui sont aussi des lieux de brassage, de partage, de convivialité et de bien-être. Il faut pour cela une palette de lieux répondant à des besoins distincts, y compris des lieux permettant des échanges confidentiels ou des lieux calmes pour se ressourcer. Le coworking ne remplace cependant pas, dans une entreprise, les lieux où on peut interagir efficacement avec ses collègues.

Dans les études de l’institut Gallup, la France se classe au-delà de la 100e place en ce qui concerne la confiance que les dirigeants placent dans leurs collaborateurs. Ce que vous appelez le “trusting” ne marcherait-il donc pas en France ?

Je pense au contraire qu’il est possible, en France, d’établir des relations de confiance durables. À la condition de rester proche de ses collaborateurs et d’être vraiment avec eux. Car la confiance ne peut s’instaurer que si ces derniers sont en contact physique avec leur manager et qu’ils en perçoivent les limites et les qualités. Sur cette base, la colocation et le travail en commun sont source de confiance et d’engagement.

Vous avez dit récemment au sujet de l’actualité politique et sociale en France : « Quand un projet ne passe pas ou qu’il n’est pas compris, comme la taxe carbone, il ne faut pas s’obstiner. On le vit tous les jours dans nos entreprises ». La « Gaule réfractaire » reste-t-elle attractive pour une société comme Steelcase ?

À mes yeux, il n’y a pas de « gaulois réfractaire ». Je ne vois que le talent et le souci de bien faire. Il est tout à fait possible de créer en France un cercle vertueux d’engagement. Je dirais même que la France est en mesure parfois d’adopter plus facilement des innovations de rupture. Oui, j’affirme que, pour une entreprise mondialisée, comme Steelcase, la France peut rester attractive.




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