Journal de l'économie

Envoyer à un ami
Version imprimable

« Un haut fonctionnaire ne devrait pas dire ça »

Entretien avec le mystérieux Laurent Personne





Le 25 Janvier 2017, par La Rédaction

Le titre du livre a attiré notre attention : « un haut fonctionnaire ne devrait pas dire ça ». L’auteur y dénonce l’incurie de nos dirigeants dont les postures idéologiques ont ruiné la France. Citoyen en colère, il nous démontre qu’un peu de bon sens, au delà des débats stériles droite gauche, permettrait de faire face à la plupart des défis auxquels nous sommes confrontés. Nous avons décidé de rencontrer (par téléphone en numéro masqué) ce haut fonctionnaire anonyme écrivant sous le pseudo de Laurent Personne…


Pourquoi une telle publication ? à un tel moment ?

L. P. : C’est mon expérience de citoyen et d’électeur ordinaire, enraciné dans la « vraie vie », exaspéré par une situation se dégradant sans cesse qui a été le détonateur pour écrire ce livre. Les discours des politiques, qui nous promettent monts et merveilles en nous décrivant un monde qui n’est visiblement pas celui où nous vivons au quotidien, me devient insupportable. Je suis passionné par la chose publique et j’observe la situation française depuis plusieurs décennies. J’avoue avoir beaucoup réfléchi à ces questions et le moment était sans doute venu d’en faire une synthèse, adaptée aux circonstances du moment. 

A l’heure où de nombreuses publications politiques paraissent en raison de l’actualité, qu’est-ce qui différencie votre ouvrage de ceux présentés par les candidats ?

L. P. : Pour avoir la liberté d’explorer dans toutes les directions, je ne fais pas référence aux idéologies mais j’analyse les faits pour ce qu’ils sont et les conséquences qu’ils produisent. Ma démarche va au-delà des partis et des courants de pensée. En fonction des circonstances du moment certaines mesures sont bonnes pour le pays. Dans d’autres circonstances, les mêmes mesures sont néfastes. C’est pour cela que les solutions idéologiques échouent aujourd’hui. Dans mon livre, selon les thèmes abordés, je propose des mesures qui pourraient être de droite, voire bien à droite, et d’autres mesures qui pourraient être de gauche, voire bien à gauche. C’est du pragmatisme, de la realpolitik. Comme disait Deng Xiaoping « Peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu’il attrape les souris ». En le paraphrasant maladroitement, je dirai : « Peu importe qu’une mesure soit de droite ou de gauche, pourvu qu’elle participe au redressement du pays ».

Justement, en quoi votre livre est-il différent des programmes des candidats ?

L. P. : Je ne suis pas candidat. Je sers mon pays à ma façon, dans l’ombre, et je ne cherche aucune publicité qui pourrait d’ailleurs faire tord à mon devoir de réserve. Je ne cherche pas à être élu, je ne cherche pas à séduire un électorat. Alors j’aborde un large panel de sujets, et après une analyse que j’ai voulue rigoureuse et dénuée de toute idéologie, je propose des solutions. Certaines sont radicales, je le reconnais, tout comme certains candidats proposent des mesures franches. C’est même une fabrique chez certains d’entre eux. Mais à la différence, je ne joue pas sur les émotions, je ne cherche pas à faire peur, je ne cherche pas à monter les communautés les unes contre les autres. J’aborde les sujets avec recul, froidement, pour ne retenir que la meilleure solution. Et qu’importe si celle-ci est de droite, de gauche d’un extrême ou d’un autre.

En vous présentant comme un citoyen, pensez-vous que votre livre apporte quelque chose de plus par rapport aux nombreux ouvrages qui paraissent en ce moment ?

L. P. : La vie est dure, mais la réalité est parfois simple. Ma vision est celle d’un homme qui cherche des réponses pratiques aux problèmes. Pas besoin de travestir la réalité pour voir comment est le monde. Il suffit d’un peu d’honnêteté intellectuelle et ne pas chercher à être dans la séduction.

Je n’oublie pas d’où je viens, je n’oublie pas les efforts et les sacrifices que j’ai dû faire, notamment sur le plan familial, pour m’élever dans la hiérarchie ou pour pouvoir m’enrichir professionnellement et intellectuellement au contact de personnes de premier plan au niveau national, et pas uniquement dans le domaine politique d’ailleurs. Mes origines et ce goût de l’effort m’ont donné le recul nécessaire pour apprécier les situations avec objectivité. C’était d’ailleurs un défi de ce livre que de rester dans l’analyse et la raison, en réfutant toute approche idéologique ou par l’émotion. Et c’est en cela que cette réflexion est différente des livres politiques actuellement sur le marché.  

Pourquoi n’avez-vous pas signé ce livre de votre véritable nom ?

L. P. : Pour plusieurs raisons. Je veux d’abord protéger ma famille, non pas d’une éventuelle menace extérieure, mais d’un risque de conflit interne car des personnes de mon entourage direct ne partage pas mes opinions, c’est le droit de chacun, mais ce livre fournirait un argumentaire qui alimenterait les passions, voire les tensions. Je n’ai pas envie de ma fâcher avec mes proches pour des questions politiques (sourire). Et puis, plus égoïstement, une autre raison est que je ne voulais pas que cette réflexion du citoyen vienne perturber la carrière professionnelle du fonctionnaire. Ce sont pour moi deux vies totalement différentes. Et puis on sait bien qu’arrivé à un certain niveau, le fonctionnaire côtoie le politique. Je veux garder cette distance pour conserver mon objectivité.

Enfin, j’ai choisi l’anonymat parce que je ne veux pas non plus faire l’objet d’une tentative de récupération par un candidat ou un autre. Si un ou des candidats trouvent mes propositions intéressantes, et bien qu’ils les intègrent dans leur programme. Ils n’ont pas besoin de moi pour ça.

N’était-ce pas une façon de pouvoir écrire ce que vous n’auriez pas pu évoquer sous votre véritable patronyme ?

L. P. : Sous mon véritable patronyme, non seulement je n’aurai pas pu proposer toutes ces solutions, mais je n’en aurais proposé aucune car il n’y aurait pu eu de livre tout simplement sous cette forme. J’aurais été bien moins libre de retranscrire mes pensées. Mais ainsi, j’ai pu aborder tous les sujets que je souhaitais (enfin ceux où il me semblait avoir quelques chose à proposer après recherche et réflexion).

Vous affirmez que votre réflexion est transpartisane, mais vous avez bien dû vous appuyer sur certains concepts doctrinaux existant. Lesquels ?

L. P. : En effet, je ne balaie pas d’un revers de la main plus de 2500 ans de réflexion politique, en prenant comme référence la pensée grecque antique de Platon ou d’Aristote. Je n’oublie pas non plus les 2500 dernières années de pratique politique à travers le monde. Je n’invente rien. Je me sers de ce qui existe déjà. Par contre, ce qui est peut-être nouveau dans ce que je propose, c’est la façon d’assembler ces concepts et ces outils entre eux, selon des schémas qui n’ont pas forcément été utilisés jusqu’à aujourd’hui. 

Pensez-vous que l’électeur de demain, au regard des échéances du printemps prochain, peut trouver matière à éclairer ses choix en lisant votre livre ?

L. P. : C’est mon ambition. Mais toutes les solutions à apporter ne sont pas forcément nouvelles. Certaines existent déjà, sont connues, ont été expérimentées en France ou ailleurs en Europe ou dans le monde et leurs effets sont validés. D’autres que je propose sont effectivement nouvelles. La plus grande difficulté de l’acceptabilité de cette grille de lecture est qu’elle emprunte à différents courants idéologiques. Hors, la question cruciale qui va se jouer lors des prochaines échéances électorales est bien celle-ci : les électeurs sont-ils prêts à soutenir un candidat qui promeut des réformes à l’encontre de leurs propres convictions, pour le bien commun ? Certains candidats sont prêts à franchir le pas, d’autres sont déjà des habitués du grand écart, à moins qu’il ne s’agisse que d’opportunisme électoral. Il est seulement dommage que ces divergences soient motivées par la séduction de l’électorat plus que par la réelle conviction dans les propositions avancées. Sinon, les élus ne renieraient pas leurs promesses de campagne.

Mais l’électeur, comment va-t-il s’y retrouver ? J’espère seulement, à travers ce livre, donner quelques éclairages en ce sens.   

Pour acheter le livre:
« Un haut fonctionnaire ne devrait pas ça », VA Editions, Janvier 2017, 14€

Consulter le site du livre
 



Nouveau commentaire :
Twitter

Le JDE promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction du JDE se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.

France | Mémoire des familles, généalogie, héraldique | International | Entreprises | Management | Lifestyle | Blogs de la rédaction | Divers | Native Advertising | Juris | Art & Culture | Prospective | Immobilier, Achats et Ethique des affaires | Intelligence et sécurité économique - "Les carnets de Vauban"



Les entretiens du JDE

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "L’environnement est un sujet humanitaire quand on parle d’accès à l’eau" (2/2)

Tarek El Kahodi, président de l'ONG LIFE : "Il faut savoir prendre de la hauteur pour être réellement efficace dans des situations d’urgence" (1/2)

Jean-Marie Baron : "Le fils du Gouverneur"

Les irrégularisables

Les régularisables

Aude de Kerros : "L'Art caché enfin dévoilé"

Robert Salmon : « Voyages insolites en contrées spirituelles »

Antoine Arjakovsky : "Pour sortir de la guerre"











Rss
Twitter
Facebook